Prochaines étapes en Suicidologie : brèves de recherche
La Section d’Etude des Conduites Suicidaires (SECS) a été fondée en 2012 sous l’égide de l’AFPBN. Elle se regroupe autour de la problématique des conduites suicidaires qu’elle décline sur un plan pédagogique, de recherche et de travail en réseau.
L’AFPBN regroupe également de jeunes chercheurs et cliniciens pour leur permettre d’interagir, de soutenir et de valoriser leurs travaux sous le nom de « Pépinière de l’AFPBN ».
L’objectif de cette communication est que les jeunes impliqués dans la Pépinière puissent introduire à la communauté psychiatrique et neurologique leurs travaux récents et en cours relatifs au comportement suicidaire sous l’égide de la section de suicidologie de l’AFPBN.
1 – Comprendre le cerveau suicidaire : analyse conversationnelle et EEG
par Pauline Rolland, Rennes
Le comportement suicidaire reste à l’heure actuelle largement incompris, tant sur le plan sémiologique, clinique que biologique, avec très peu de littérature associant EEG et suicidalité. Cette étude s’inspire de travaux déjà réalisé en Neurologie, sur l’étude des phénomènes épileptiques notamment. L’objectif est double : faire émerger de nouveaux éléments sémiologiques par une analyse linguistique des transcripts du passage à l’acte suicidaire tel raconté par les patients, et identifier des patterns d’interêt en resting state lors de la crise suicidaire et à distance chez ces patients. L’étude pilote est en cours à l’heure actuelle.
2 – Tolérance à la douleur physique et passage de l’idéation à l’acte suicidaire
par Nathan Risch, Montpellier
Les théories actuelles de l’idéation à l’acte suicidaire suggère qu’une forte tolérance à la douleur physique est un préalable indispensable pour mettre en action une tentative de suicide. Pour tester cette hypothèse, il a été conduit une méta-analyse de 20 études comparant la tolérance à la douleur entre les patients ayant déjà réalisé au moins une tentative de suicide au cours de leur vie par rapport à des sujets sains n’ayant pas réalisé de passage à l’acte au cours de leur vie. Il n’a pas été mis en évidence de différence entre les deux groupes, suggérant que la tolérance à la douleur physique n’est pas si importante pour le passage à l’acte suicidaire.
3 – Le retard d’activité diurne comme marqueur de crise suicidaire dans la dépression : une étude d’actimétrie
par Alix Romier, Paris
Les troubles du rythme circadien ont été associés aux conduites suicidaires, mais peu d’outils de mesure objectifs et transposables en pratique clinique ont été testés dans la littérature. Cette étude contrôlée comporte 52 patients souffrant de dépression répartis en deux groupes : non suicidaires, ou suicidaires/avec une conduite suicidaire dans la semaine précédente. Les patients ont remplis des auto-questionnaires sur leur sommeil et on eu une mesure actimétrique durant 14 jours. L’hypersomnie en auto-déclaration et un retard de phase en actimétrie étaient associé à la présence d’une crise suicidaire et à son intensité.
4 – Marqueurs sanguins associés aux pensées et conduites suicidaires
par Aisté Lengvenyté, Montpellier
266 patients souffrant de troubles de l’humeur, avec ou sans antécédents de tentatives de suicide ont été recrutés. Il a été évalué la sévérité de leur dépression, leur idéation suicidaire et dosé 39 marqueurs biologiques associés à l’inflammation/la réponse immunitaire, la plasticité et le stress oxydatif. Les données sur les passages aux urgences des patients ont été collectées pendant 2 ans. Plusieurs marqueurs, impliqués dans l’inflammation et la plasticité ont été mis en évidence comme la thrombospindine 1.
5 – Impact d’un programme de psychoéducation et groupe d’entrainement aux compétences TCD sur la suicidalité dans le trouble borderline
par Charline Magnin, Lyon
TCD : Thérapie comportementald Dialectique. Retour sur le démarrage du programme CARE (Centre d’Aide à la Régulation Emotionnelle) dans le service de psychiatrie des urgences à l’hôpital Edouard Herriot à Lyon. L’objectif principal est de décrire les indicateurs en terme de réitération suicidaire et ré-hospitalisation pour les patients de la cohorte, les résultats sont à l’heure actuelle en cours d’analyse.
6 – Impulsivité et passage à l’acte suicidaire vus à travers le prisme du trouble de personnalité borderline. Revue systématique de la littérature.
par Clémentine Estric, Nîmes
Le trouble de personnalité borderline (TPB) représentant jusqu’à 50% des patients hospitalisés en unité d’urgence suite à une tentative de suicide. 84% des patients feront de multiples tentatives de suicide, et 10% décèderont par suicide. Il a été mis en évidence chez ces patients une altération des fonctions exécutives avec un contrôle inhibiteur défaillant, en lien avec l’exposition à des facteurs d’adversité précoce. Une meilleure prise en compte de la neurocognition et de l’impulsivité pourrait améliorer la prise en charge psychothérapeutique.